Stigmatisation
La stigmatisation entourant la schizophrénie demeure profondément néfaste et mal comprise. La société qualifie souvent les personnes atteintes de dangereuses, imprévisibles ou incapables – des images davantage façonnées par les stéréotypes médiatiques que par la réalité. Ces idées fausses engendrent peur, discrimination et isolement chez les personnes atteintes de cette maladie.
Dans cette section du blog, je souligne comment cette stigmatisation affecte non seulement la façon dont les autres traitent les personnes comme moi, mais aussi comment elle façonne notre image de soi et notre confiance en nous. Elle devient un poids invisible qui entrave le rétablissement, les relations et les opportunités. Je milite pour la reconnaissance de l'humanité, de la profondeur et du potentiel des personnes atteintes de schizophrénie, exhortant la société à dépasser la peur et à faire preuve de compréhension.
Mon message est clair : les personnes atteintes de schizophrénie méritent la dignité, et non le jugement – et le rétablissement est possible lorsque le soutien remplace la stigmatisation.
C'est quoi une personne « Normale » ?

Dans cette pièce contenant 100 personnes, il y a 1 personne atteinte de la schizophrénie. 1% de la population mondiale vit avec cette maladie.
Si on identifie dans cette pièce toute personne vivant avec toute quelconque maladie mentale, quelle part représente, selon vous, les gens « normaux » ?
Selon moi, une maladie mentale est une déviance mentale en comparaison à la norme.

Voyez-vous le point rouge en bas à gauche de cette image ci-dessous?

Selon Cambridge University Press, la proportion de crimes violents dans la société imputables à la schizophrénie tombe systématiquement en dessous de 10 %. Cela signifie que dans une salle remplie de 100 personnes atteintes de cette maladie, moins de 10 commettent des crimes violents. Cela signifie également que dans une salle remplie de 1 000 personnes aléatoires, moins d’une personne est susceptible de commettre un crime violent à cause de la schizophrénie.
Tabou
Une personne sur 100 dans le monde souffre de schizophrénie. Dans certains pays, les personnes atteintes de cette maladie sont considérées comme des personnes possédant un don… celui de pouvoir communiquer avec les esprits.
D’autres schizophrènes me disent que je suis « symptomatique » et donc malade parce que j’y crois et que j’en fais l’expérience. Une communauté chrétienne me dit que je suis un pécheur si je communique avec les esprits. Ma psychiatre me dit que, comme dans le cas du daltonisme, mon cerveau me fait croire cela. Certaines communautés sur le web me refusent le droit d’écrire à ce sujet car cela semble « encourager les délires ».
Même certains de mes bons amis disent, sans avoir lu mon histoire, qui est sur un blog accessible à tous, que j'entends peut-être des voix mais qu'elles sont créées par la schizophrénie et que j'ai donc tort de penser que mes voix sont des communications de l’au-delà.
Je trouve que certains de ces amis sont raisonnablement instruits, mais ils restent fermes sur leur position sans connaître les faits.
J'ai reçu mon premier diagnostic psychotique et ma première prescription d'antipsychotiques en 1999 d'un psychiatre qui n'avait pas pris de sang, pas de biopsie, n'avait fait aucune radiographie, aucun examen physique ou quoi que ce soit, mais avait eu un entretien de 20 minutes avec moi au cours duquel j'ai seulement essayé pour lui expliquer que j'avais vécu une manifestation d'un être invisible, d'une voix, ou comme je le vois, d'esprits.

Comment un poisson dans un aquarium explique-t-il à ses colocataires que la lumière qui apparaît lorsque le propriétaire l'allume n'est pas le Soleil ?
Comment un petit garçon explique-t-il à sa petite sœur que l’autre homme est le jumeau de son père ?
Comment un singe explique-t-il à ses frères et sœurs que le gardien du zoo vient de réaliser un tour de magie ?
Comment Papa-ours explique-t-il à Maman-ours qu'il a rencontré un miroir dans la forêt ?
Comment puis-je vous convaincre que j’ai vu un fantôme, et même si cela m’a rendu malade, ce n’est en aucun cas un « symptôme » de maladie mentale ?
C'est une chose de voir et de vouloir décrire les choses qu'on voit. C'est une toute autre chose d'être capable et d'arriver à les décrire.
Le portrait d'un fantôme se fait par l'écriture.
Le savoir, la croyance et le doute
Il y a une différence entre ne pas croire parce que l’on a une raison de ne pas croire et ne pas croire parce que l’on n’a pas de raison de croire.
Si j’ai une raison de ne pas croire, cela n’implique pas que j’ai une preuve à fournir mais certainement que j’ai au moins vécu quelque chose qui me mène à être convaincu que je suis justifié de ne pas croire.
Si je n’ai pas de raison de croire, cela implique tout simplement que je n’ai pas vécu une expérience me permettant de prendre une décision éclairée sur la question.
Quelqu’un qui comprend est une personne qui a vécu le nécessaire pour comprendre. Quelqu’un qui se dit « spécialiste » en matière d’une question et qui n’a pas vécu l’expérience pertinente à la question doit se référer à celui qui l’a vécue.
Lorsqu’un individu qui ne croit pas parce qu’il n’a pas de raisons de croire et qui est en position d’autorité parce qu’il se dit « spécialiste », assujettit un sujet grâce à cette autorité à ses croyances, il doit nécessairement céder le passage si son sujet manifeste qu’il croit parce qu’il a des raisons de croire.
Lorsqu’un psychiatre qui n’a pas vécu de manifestation psychospirituelle oblige un patient à suivre un traitement anti-délires parce qu’il affirme ouvertement qu’il communique avec l’au-delà, celui qui n’a pas de raisons de croire administre une autorité sur celui qui a des raisons de croire.
Lorsque le psychiatre est le spécialiste vers qui toute une société se tourne pour s’informer sur une réalité et que celui-ci affirme qu’il « sait » parce qu’en fait il ne fait que « ne pas croire parce qu’il n’a pas de raisons de croire », cela définit une marge d’erreur dans laquelle tombent et souffrent injustement tous ceux qui croient sans pouvoir prouver.
Substances chimiques du plaisir/confort et de la douleur/inconfort
La personnalité d'un homme, ses goûts, ses décisions et ses choix, ses gestes et ses actions, sa culture et ses engagements sont déterminés par le type de substances chimiques que son cerveau et son corps sécrètent lorsqu'il est exposé à une source de plaisir/confort et de douleur/inconfort.
Si quelque chose l'inspire à la peur, les substances biochimiques sécrétées peuvent être désagréables. Si quelque chose l'incite à agir, alors l'action ou l'idée d'agir sera directement associée à une sécrétion agréable.
Si un homme prend une drogue qui entraîne la présence de substances chimiques agréables dans son corps et/ou son cerveau, sa personnalité, ses goûts, ses décisions et ses choix, ses gestes, ses actions et ses engagements, et par conséquent ses habitudes et sa culture, seront corrompus par cette consommation.
Si les drogues psychédéliques conduisent un homme à être possédé ou influencé par un esprit malveillant, son esprit-attitude sera corrompue. Si un homme prend un médicament (sur ordonnance, comme en psychiatrie), cela devrait résoudre un problème qui le rend dysfonctionnel. Mais qu'est-ce qu'un comportement normal ?
Qu'est-ce que la « normalité » ? Qu'est-ce que la Matrice dans ma théroie ?
Pour moi, la Matrice (en référence au film The Matrix (1999)) est un monde créé par l'Homme au fil des siècles. Elle est le fruit de la compréhension, de l'élaboration de connaissances scientifiques, du choc des cultures, des batailles et des guerres, des effusions de sang et de la mort de nos ancêtres et prédécesseurs. C'est un héritage d'immenses sacrifices, d'épreuves et de souffrances.
Si le monde « normal » est la Matrice, et si celui qui réussit dans ce monde « normal » est considéré comme une personne normale, les pauvres, les malades, les malades mentaux et les anges déchus sont ceux qui vivent en dehors de la Matrice.

Un double-standard mal reconnu
Certains prétendent pouvoir découvrir la vérité sur une personne en lisant les cartes ou en examinant les lignes de sa main. Mais je crois qu'il existe une autre méthode, peut-être plus simple.
Je crois qu'on peut comprendre l'esprit d'une personne en observant ce que j'appelle ses extensions : les manifestations extérieures de son monde intérieur. Ce sont toutes les choses qui peuvent être façonnées ou influencées par ses intentions, ses paroles et son comportement. Par exemple, ses biens, y compris un objet aussi important qu'un avion. De nos jours, posséder un avion en dit long sur le statut et la richesse d'une personne.
Même une voiture peut nous éclairer : est-elle bien entretenue, luxueuse ou modeste et en ruine ?
Et sa maison reflète-t-elle les mêmes caractéristiques ? En réalité, tout ce qu'une personne possède ou crée porte l'empreinte de sa vie intérieure ; et, inversement, son esprit peut être lu à travers ces signes extérieurs.
La plus personnelle de ces extensions est le corps lui-même : notre premier véhicule. Une marque sur la peau peut en dire autant qu'un dommage ou un détail sur une voiture, un meuble, un outil ou tout autre objet.
Ces signatures personnelles vont au-delà des biens matériels. Elles s'expriment également à travers nos créations, nos paroles et nos écrits : le langage utilisé, le choix des mots, le ton, la sophistication, le jargon. Tout ce que nous touchons ou exprimons porte en lui une part de notre identité.
Cependant, cette façon d'appréhender une personne n'est pas infaillible. Il y a un bémol crucial : la réalité intérieure de certaines personnes ne correspond pas aux codes habituels d'interprétation de ces signes extérieurs. Cela crée une sorte de double standard souvent ignoré.
Les maladies mentales comme la schizophrénie peuvent perturber la trajectoire d'une personne, altérant, voire détruisant, les fondements intérieurs sur lesquels naissent la croissance et l'expression de soi. Par conséquent, les marqueurs traditionnels de réussite ou d'identité peuvent ne plus s'appliquer de la même manière.
Dans mon cas, la schizophrénie m'a mené dans les bois, littéralement. La forêt était magnifique, et j'y suis resté plus de dix ans avant d'en retrouver le chemin. Mais ces années n'étaient ni vides ni dénuées de sens. Au contraire, j'ai vécu des expériences réelles et profondes qui ont profondément façonné mon esprit. J'ai développé résilience, intuition, réflexion et perspicacité spirituelle, autant d'atouts précieux pour reconstruire ma vie. Le monde ne reconnaît peut-être pas toujours les compétences acquises dans l'isolement ou la souffrance, mais elles sont réelles et transférables.
Aujourd'hui, je comprends que, malgré l'excellence des soins prodigués par les professionnels ici au Québec, ce double standard reste mal compris. Plus important encore, je constate maintenant que cette norme cachée touche non seulement les personnes atteintes de schizophrénie, mais aussi bien d'autres dont le parcours s'écarte des normes sociales.

Le bonsaï et le chêne
Le chêne est grandeur nature. Il a bravé les intempéries de son habitat depuis plus de 100 ans… un colosse d’une beauté exceptionnelle.
Le bonsaï qui a mûri à l’ombre du chêne depuis la même époque est un clone miniature de ce dernier.
Sa taille réduite fait partie de son charme.
Son apparence est raffinée et son feuillage est d’une esthétique équilibrée et digne de l’esprit de son créateur.
Tout comme le chêne, certaines personnes arborent un charisme d’un prestige qui peut impressionner profondément.
La grandeur physique du bonsaï ne lui nie pas la possibilité de posséder les mêmes attributs.
Avec l’expérience de vie, la stabilité et l’endurance, tous peuvent briller des riches caractéristiques que peut conférer la nature.
Réponse à ma plainte par le Médecin Examinateur
Le 16 septembre 2008
Monsieur,
Votre plainte m’a été transmise par madame (X), Commissaire substitut aux plaintes et à la qualité des services, le 22 juillet 2008. Je viens d’en terminer l’étude.
Pour ce faire, j’ai pris connaissance du libellé de la plainte, je vous ai rencontré, j’ai étudié attentivement votre dossier médical et j’ai rencontré le Dr (votre psychiatre actuel).
Lors de ma visite avec vous, vous m’avez remis un document intitulé : « Soins de santé ?!! Ben waillons donc », que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt. J’y note un copyright 2008 où il est interdit de reproduire, etc. Je n’en reproduirai donc ici aucun extrait. On remarque cependant que vous avez un esprit philosophique original et un talent indéniable pour l’écriture.
Dans la missive du 27 juillet 2008, on remarque que vous avez, le 7 avril 2008, déposé une plainte concernant une absence de réponse à « ce document » (celui reproduit le 15 août 2007).
Ce document déposé le 15 août 2007 se lisait comme suite : Mon document intitulé « La cartographie du nouveau monde » constitue ma déclaration et fait le tour de ce que j’ai à dire à la psychiatrie. Je l’ai déposé en mains propres à la psychiatrie le 29 mai 2007. Je me suis offert pour répondre à toutes les questions de ma psychiatre, Dre (votre psychiatre actuel), relatives au document, de façon honnête, précise et complète. À l’issue de cette rencontre du 15 août 2007, elle m’a clairement signifié que mon dossier tel qu’il se présente actuellement et même en considération de ma déclaration écrite, ne motive aucun changement de diagnostic ou de prescription.
J’exige une réponse à ce document dans les plus brefs délais. Veuillez choisir une ou plusieurs options parmi les suivantes :
A- Si vous choisissez de ne pas répondre, vous pouvez tout simplement signer ce document et me le remettre par la poste à l’adresse indiquée ci-haut.
B- J’exige une reconnaissance écrite, formelle et officielle du fait que toute connotation de « fausse croyance » associée à mes communications avec l’au-delà par le diagnostic auquel je suis associé par la psychiatrie ne sont pas vérifiables.
C- Si mes communications avec l’au-delà sont du délire, j’exige une preuve clairement documentée.
D- J'exige que mon dossier soit clairement et officiellement dissocié par l'appélation de mon diagnostic...
1. de tous les schizophrènes qui délirent et
2. de tous les schizophrènes qui sont agressifs.
E- Si je ne suis pas schizophrène, j’exige une confession écrite de l’autorité en chef concernée
Dans la missive que vous m’avez fait parvenir le 31 juillet 2008, après avoir accusé le Dr (votre psychiatre précédent) d’être dépourvu d’ingéniosité pour la nomenclature scientifique, vous proposez à m’aider à « renommer » votre diagnostic. Vous soutenez que le mot « schizophrénie » inspire une affreuse créature qui bouffe ses propres selles et vous proposez plutôt celui de « perceptif psychospirituel », une expression qui aurait pour dessein de neutraliser les fausses connotations de « délire », « hallucinations » et « fausses croyances » associées à votre nom depuis 1999. Je dois vous avouer qu’il s’agit d’une façon qui ne manque pas d’originalité pour solutionner cet épineux problème de diagnostic. Cependant, lors de notre rencontre au début d’août 2008, je vous avais demandé quel était le diagnostic, selon vous, de votre maladie; vous m’avez répondu sans aucune hésitation : de schizophrénie.
Ceci semble répondre « de facto » à l’item « E » de votre plainte. Par ailleurs, le Dre (votre psychiatre) maintient le diagnostic de schizophrénie paranoïde. Ceci répond aussi à l’item « A » de votre plainte. Je ne crois pas qu’il soit indiqué dans votre dossier que vous êtes délirant et agressif. On doit tous être d’accord que les schizophrènes ne sont pas tous délirants, ni tous agressifs. Ceci répond adéquatement à votre plainte à l’item « D ». Quant à vos plaintes à l’item « B » et « C », je ne crois pas que votre diagnostic psychiatrique doive y être associé : il est reconnu et accepté que certaines personnes ont ce pouvoir de médium pour communiquer avec l’au-delà. Il est bien évident que personne ne peut prouver si ce pouvoir existe ou n’existe pas. Donc, on ne peut qualifier de « malade mental qui délire » celui qui dit être capable de communiquer avec l’au-delà.
Quant à votre missive datée du 2 août 2008 concernant (une infirmière), l’employée « modèle », ce genre de plainte ne regarde pas le Médecin examinateur, mais plutôt la Commissaire aux plaintes et à la qualité des services. Le Médecin examinateur n’est concerné que par les plaintes envers les médecins.
Dans cette missive du 27 juillet 2008, vous soutenez qu’après sept ans et demi de coopération avec la prescription, votre choix a été de cesser complètement de coopérer avec la prescription d’antipsychotiques deux mois après avoir déposé une demande de clarification le 15 août 2007. Vous remarquez, avec raison, qu’aucune loi ne vous oblige à vous conformer au plan de soins psychiatriques.
Vous avez consulté pour des douleurs avec un diagnostic qui s’est éventuellement avéré être celui de spondylite ankylosante pour laquelle vous allez être traité. Après avoir attendu onze heures à l’urgence, vous avez été interné en psychiatrie sans votre autorisation, par ordre de la Cour. Ces documents de Cour indiquent que la psychiatrie a déclaré votre mère comme étant la partie mise en cause. Votre mère vous a assuré qu’elle avait vivement interdit à la psychiatrie d’insinuer le moindrement son autorisation. Aucune menace physique n’a fait l’objet d’un ou l’autre de vos trois internements.
Votre missive du 6 août 2008 qui a pour objet une nouvelle plainte, rejoint les autres missives où vous soutenez que vous avez été hospitalisé en psychiatrie par erreur. Le reste de cette missive où vous dites avoir été placé dans une chambre humide etc… ne regarde pas le médecin examinateur.
Votre missive du 6 août 2008 concernant votre poids ne regarde pas le médecin examinateur non plus, même si je l’ai lue avec intérêt.
Un dernier document, lu avec un très grand intérêt, ne porte pas de date : il s’agit du texte où vous notez :
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Conséquences de l’internement sur votre santé : trois mois début 1999 et un et demi mois début 2000.
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Vif choc psychologique au moment de votre prise de connaissance de l’ordonnance d’internement.
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Ajustement pénible et inefficace face à la perpétuité d’un internement non mérité qui ne promet pas d’achever. Vous avez craint de ne jamais en sortir et cette angoisse a perduré jusqu’à la dernière heure de vos deux internements.
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Ajustement pénible et inefficace face aux conditions de l’internement (i.e. ambiance d’internement à perpétuité difficile à supporter, type de compagnie (maladie mentale) qui pèse lourd sur le moral, liberté et intimité très restreinte, exigence d’une adaptation très rapide à des conditions difficiles (ex. : devoir dormir dans une chambre en compagnie d’un patient ayant une très forte odeur corporelle par manque d’hygiène ou ayant des problèmes chroniques de ronflement qui nuisaient à mon sommeil).
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Effet alourdissant dans la stigmatisation.
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Frustration face à un grave préjudice porté à ma liberté.
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Conséquences de la médication sur votre santé (Prescription établie le 9 février 1999, retirée en juillet 2008)
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Vif choc psychologique au moment de votre prise de connaissance de l’ordonnance de traitement.
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Effet physique alourdissant qui rendait le réveil pénible et l’état éveillé incomplet et difficile à maintenir, qui entraînait une diminution marquée de vivacité psychologique et par ce fait une baisse d’estime de vous-même.
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Une prise excessive de poids (jusqu’à environ 50 livres) qui a entraîné une perte de confiance en vous.
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Une accentuation marquée des maux de dos et une dermatite au niveau du visage.
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Depuis début 2007, graves problèmes d’acidité gastrique.
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Difficulté psychologique face à devoir obligatoirement ingérer quotidiennement un produit en lequel vous ne faites pas du tout confiance.
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Effet alourdissant dans la stigmatisation.
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Frustration face à l’injustice flagrante d’une intrusion abusive.
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Conséquences de la stigmatisation sur votre santé.
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Vif choc psychologique au moment de votre prise de connaissance du diagnostic de maladie mentale (l’absence de sensibilisation et d’éducation dans votre vie en rapport à la maladie mentale, le très fort contraste entre votre façon de voir ce que vous vivez et ce que soudainement un spécialiste vous dise ce que vous vivez.
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Vif choc psychologique au moment de votre admission au groupe social intitulé « schizophrénie paranoïde » compte tenu des caractéristiques sévères qui y sont associées (la réputation associée à ce diagnostic est sérieusement définie par des gens qui ont tendance à commettre des gestes répréhensibles graves ou à se comporter de façon immorale ou particulièrement non-exemplaire).
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Frustration d’être incapable de faire comprendre la fausseté du stigmate en rapport avec votre situation grâce en grande part aux affirmations publiques de vos psychiatres.
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Humiliation lorsque votre psychiatre a convoqué vos proches (notamment quelques-uns de vos meilleurs amis à l’époque) pour leur affirmer que vous étiez malade mental.
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Frustration à l’égard d’un grave préjudice porté à vos droits et libertés : simplement par la stigmatisation, vous avez été brimé d’une grande liberté à laquelle vous avez droit : la liberté de savoir que les gens qui vous connaissent vous attribuent votre juste valeur libre d’une connotation destructive de folie.
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Il s’agit d’un document très réaliste, approprié et ordonné.
L’étude détaillée du dossier d’hospitalisation du 28 juin au 28 août 2008 nous porte à réfléchir et à se questionner sur la pertinence de votre dernier internement.
Nous sommes évidemment désolés de la situation que vous avez vécue et nous vous remercions de l’avoir portée à notre attention. En effet, les commentaires de notre clientèle nous sont précieux car ils contribuent souvent à l’amélioration de la prestation des soins.
Si vous n’êtes pas satisfait de ce rapport, vous disposez d’un délai de 60 jours pour faire réexaminer votre dossier par le comité de révision. Pour ce faire, vous disposez d’un délai de 60 jours pour faire réexaminer votre dossier par le comité de révision. Pour ce faire, vous pouvez entrer en communication avec Mme (MC) au 1234567.
Veuillez agréer, monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.
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Médecin examinateur
Outil de sensibilisation pour contrer la stigmatisation
Animé par un profond engagement à libérer les individus du poids de la stigmatisation, je propose ce projet de documentaire aux lecteurs de ce blog qui pourraient avoir les moyens de lui donner vie.
Titre : Un Squelette dans Mon Placard
Objectif :
Mettre en lumière le coming-out de personnes ayant réussi à se réinsérer dans la société après une épreuve de vie fortement stigmatisante — qu’il s’agisse de maladie mentale, de passé criminel ou de dépendance — dans un programme conçu pour remettre en question les préjugés et favoriser la compréhension.
Synopsis :
Le documentaire suit trois personnes dans leur vie quotidienne pendant une semaine, montrant leurs routines et interactions de manière à les présenter comme des individus ordinaires et attachants. Leur « squelette dans le placard » — leur passé stigmatisé — n’est révélé qu’à la toute fin de chaque segment, afin d’inciter les spectateurs à d’abord se connecter avec elles sur un plan humain, avant de confronter leurs propres biais.
Exemples de profils de participants :
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Une personne vivant avec une maladie mentale — par exemple, quelqu’un qui gère une schizophrénie paranoïde depuis plus de 20 ans.
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Un ancien délinquant réinséré — par exemple, une personne ayant purgé une peine pour meurtre et vivant sans crime depuis plus de 20 ans.
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Un ex-toxicodépendant — par exemple, quelqu’un rétabli d’une addiction aux drogues depuis plus de deux décennies.
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Toute autre expérience de vie stigmatisée (réfugiés, survivants de sectes, personnes sortant de l’itinérance, etc.).
Tous les participants sont pleinement réintégrés dans la société depuis près de 20 ans.
Lettre de plaidoyer public
Appel à un nouveau langage diagnostique pour le rétablissement à long terme de la schizophrénie
Aux professionnels de la santé mentale, chercheurs, décideurs politiques et autres survivants de la psychiatrie,
J'ai reçu un diagnostic de schizophrénie il y a plus de 25 ans. À l'époque, ce diagnostic était accompagné de peur, de stigmatisation et d'un sentiment de dysfonctionnement permanent. Je croyais, et on me le disait souvent, que le rétablissement était improbable.
Aujourd'hui, je suis la preuve vivante que ce n'est pas toujours le cas.
Je m’adresse à vous en tant que personne portant ce diagnostic, mais également en tant que citoyen engagé, vivant aujourd’hui une vie stable, lucide et socialement intégrée. Grâce à des années de lutte, d'adaptation, de soutien et de transformation intérieure, j'ai atteint une stabilité et une clarté durables. Je n'ai plus souffert de cette maladie depuis de nombreuses années. Je mène une vie quotidienne enrichissante, j'entretiens des relations saines et je contribue à ma communauté. Et pourtant, l'étiquette de schizophrénie continue de me suivre, comme si mon esprit était figé dans le temps.
Mon parcours n’a pas été facile. En 1997, j’ai dû abandonner mes études universitaires. Je me suis isolé, j’ai été mis à la porte de la maison familiale. J’ai porté des menottes, dormi en cellule, comparu devant des tribunaux. J’ai été hospitalisé à quatre reprises, pour un total d’environ dix mois. On m’a prescrit des médicaments auxquels je ne croyais pas. J’ai vécu leurs effets secondaires, j’ai cru qu’on me jugeait, qu’on me surveillait, qu’on me poursuivait. Je ne réalisais pas alors que ces pensées faisaient partie intégrante de la maladie. Ce n’est qu’en 2009 que j’ai véritablement compris la nature de ce que je vivais.
Depuis, j’ai pris les choses en main. J’ai suivi des thérapies, changé de traitements, repris mes études. J’ai retrouvé un emploi stable à temps plein en 2013. Je me suis marié, je suis devenu propriétaire en 2017. Oui, je prends encore des antipsychotiques — probablement pour le reste de mes jours — mais je suis rétabli. Je suis bien.
Et pourtant, malgré ce parcours, une chose ne change pas : le regard que la société porte sur moi. Pour la majorité des Québécois, la schizophrénie est encore synonyme de violence, d’imprévisibilité, de danger. C’est ce qu’on voit dans les nouvelles. Mais la réalité est toute autre : seulement une personne sur 1 000 atteinte de schizophrénie commettra un acte violent. Pourtant, dans une salle de 10 000 personnes, les 9 990 autres porteurs du même diagnostic seront souvent perçus à tort comme des menaces, simplement à cause de la minorité dont parlent les médias.
J’ai même demandé à ma psychiatre s’il était possible de modifier mon diagnostic, tellement l’étiquette de schizophrène paranoïde me semblait injustement stigmatisante. Elle a refusé — et je comprends. Il n’existe à ce jour aucun terme alternatif qui permette de faire la distinction entre une personne atteinte encore en crise, et une autre, comme moi, qui vit une vie normale et paisible depuis plus d’une décennie.
Ce constat m’amène à soulever une question qui, à mon avis, mérite une attention urgente : la nécessité de reconnaître publiquement la diversité des trajectoires possibles au sein même d’un diagnostic de santé mentale.
La schizophrénie est souvent perçue — à tort — comme une condamnation permanente à l’instabilité, à l’incapacité et à l’isolement. Or, cette image simpliste ne reflète pas la réalité vécue par un nombre croissant d’entre nous, qui avons cheminé vers un état de rétablissement durable, avec ou sans traitement, parfois au terme d’un long processus personnel, thérapeutique ou spirituel. Malgré ces avancées, le simple fait de porter cette étiquette continue d’entraîner des obstacles injustes, notamment en matière d’assurance, d’emploi ou de crédibilité sociale.
C’est pourquoi je plaide pour la création d’un nouveau langage diagnostique. Il est temps d’établir une distinction claire entre les personnes actuellement en situation de crise psychiatrique et celles qui, bien que diagnostiquées par le passé, vivent aujourd’hui avec équilibre, autonomie et discernement. Cela pourrait prendre la forme d’une nouvelle terminologie médicale, d’une sous-catégorie de diagnostic, ou même d’une certification attestant d’un état de rétablissement stable.
Bien que le système médical propose des termes comme « en rémission », ils sont rarement utilisés ou compris par le public. Le terme original, inventé par Eugen Bleuler en 1910, soulignait le « dédoublement » de l'esprit — une vision qui ne correspond plus à l’expérience actuelle de milliers de personnes rétablies.
Nous avons besoin d'un langage qui honore la transformation, réduit la stigmatisation et favorise le rétablissement. Je plaide pour une réforme du regard collectif — médical, légal et administratif — envers les troubles psychiatriques dits "graves". Il est temps de considérer la résilience, la guérison et l’évolution comme des réalités possibles, et non comme des exceptions invisibles.
Un terme comme « état post-schizophrénique », « rétablissement intégré de la psychose », ou même un nouveau mot non clinique, pourrait aider à distinguer ceux d'entre nous qui ont dépassé les symptômes aigus. Tout comme les survivants du cancer ne sont pas éternellement définis par le terme « patient cancéreux », nous méritons nous aussi un nom qui reflète notre présent, et pas seulement notre passé.
Je ne fais pas cette demande uniquement pour moi. Je le fais au nom de toutes celles et ceux qui reconstruisent leur vie avec patience, discrétion et dignité après ce qui est souvent décrit comme l’une des maladies mentales les plus redoutées.
Une nouvelle classification, plus humaine, serait un geste fort — un message d’espoir envoyé à tous ceux qui reçoivent ce diagnostic aujourd’hui : le rétablissement est réel.
Je remercie toutes les personnes et institutions qui prendront le temps de considérer cet appel. Il s’inscrit dans une volonté de justice, de dignité et d’inclusion pour toutes celles et ceux qui, comme moi, refusent de laisser leur diagnostic définir toute leur existence.
Travaillons ensemble – en tant que patients, professionnels et défenseurs des droits – pour moderniser le langage de la psychiatrie afin qu'il reflète à la fois la souffrance et la guérison, la maladie et la résilience.
Respectueusement,
- Auteur anonyme