FILMS PSYCHOTIQUEMENT STIMULANTS
ET MES SYNDROMES HOLLYWOODIENS
Depuis le début de ma maladie, cinéphile depuis longtemps, je suis fasciné par les films auxquels je m'identifie, compte tenu de mon parcours teinté de mon délire. Quand j'ai vu ces films, j'ai cru que les auteurs avaient vécu des choses similaires à ma décompensation ou qu'il y avait un trait psychologique connu dont l'origine est dans la nature de ma maladie, et qui a servi à concevoir ces films impressionnants. Quoi qu'il en soit, je trouve que ces films sont des stimulateurs de réflexions psychotiques.
Mes syndromes hollywoodiens, comme je les appelle, sont différents types de délires que j'ai eus sous l'influence de la schizophrénie et que j'associe à des films. Selon Google, un syndrome (nom) est :
« Ensemble de symptômes constituant une entité
et caractérisant un état pathologique. »
Un exemple de syndrome lié à la schizophrénie est, selon Wikipédia :
Le délire du Truman Show, ou Syndrome de Truman : Un type de délire dans lequel la personne croit que sa vie est une émission de télé-réalité mise en scène, ou qu'elle est regardée par des caméras.
Comme le raconte mon histoire, je suis passé par là. De plus, voici d'autres versions de mes délires que j'ai classées sous références cinématographiques :
*** AVERTISSEMENT DE DIVULGÂCHEURS ! ***
Les informations suivantes dévoilent des détails de films que vous préféreriez peut-être voir avant d'en prendre connaissance ici.
MES SYNDROMES
Le syndrome Field of Dreams ou, en français, Jusqu'au bout du rêve (ou de l’Arche de Noé) que je nomme ainsi après le film qui porte ce nom, est un type de délire dans lequel une personne croit qu'elle a une vocation à mettre en œuvre un projet grandiose, apparemment farfelu et extravagant (p. ex.: une arche).
Dans ce film, Field of Dreams (1989), le personnage principal, Ray Kinsella, un fermier américain, commence à entendre des voix. Ces voix l'appellent à faire des choses que la plupart des gens trouvent insensées. Il se lance dans un grand projet farfelu qui met en péril la situation économique de sa famille. Sous la direction de ces voix qu'il entend, il détruit une grande partie de ses champs pour construire un terrain de baseball. Il commence à voir et à communiquer avec des fantômes.
Ce film me rappelle l'histoire de Noé qui a construit une arche selon la direction de Dieu alors que tout le monde autour de lui croyait qu'il était fou.
Le dénouement du film, comme pour l'histoire de Noé (dans la Bible), montre que le personnage principal n'était pas fou comme le croyaient de nombreux personnages de l'histoire.
Dès mon premier épisode psychotique en 1997, j'ai abandonné l'université pour me consacrer à une aventure commerciale. J'avais commencé à entendre des voix. Ces voix m'ont guidé dans la fabrication de ma propre arche. Voyant que je ne gagnais rien après quelques années avec ce projet, mon implication semblait, pour la plupart des gens autour de moi, n'avoir aucun sens. Cela semblait être une ténacité déraisonnable, voire obstinée. Comme pour Ray Kinsella, ce projet grandiose mettait ma situation économique en péril et je dépendais aussi de mon père pour joindre les deux bouts.
Il y a des films comme celui-ci dans lesquels je me reconnais. Je parle de tous les films qui mettent en scène des héros qui jettent tout par la fenêtre pour poursuivre un rêve. Le résultat de ces films affirme généralement qu'une personne non seulement n'a pas tort de prendre cette voie, mais qu'elle a raison de le faire et que prendre un tel risque peut bien être payant. C'est ce genre d'allégations qui me pousse à continuer, à poursuivre mon rêve. L'espoir véhiculé notamment à travers ces films a motivé ma ténacité.
Tout comme, entre autres, ma consommation de substances psychotropes qui aurait déclenché ma schizophrénie, le visionnement de tels films devrait être supervisé par des professionnels, contrôlé et vendu sur ordonnance. L'espoir peut amener une personne à se comporter de manière irrationnelle et irresponsable, et à s'exposer elle-même et ceux qui l'entourent à de véritables dangers.
Le syndrome de Léopold est un type de délire dans lequel une personne croit soudainement qu'elle est un prophète ou un messie, un personnage biblique réincarné, un roi ou un esprit très noble ou prestigieux d'une sorte ou d'une autre.
Le film Kate et Léopold (2001) met en scène un personnage d'une classe noble venu d'un passé lointain, et qui doit s'adapter à une époque qui n'est pas la sienne et vivre un nouveau style de vie alors que personne autour de lui ne reconnaît son caractère d'origine noble.
Lors de ma première psychose, les voix m'ont laissé croire que j'étais en quelque sorte un esprit de grande noblesse, au point que je me suis demandé si je n'étais pas la Faucheuse, l'Antéchrist ou la réincarnation de Jésus. J'ai même cru, à un certain moment, que j'étais destiné à être crucifié.
En effet, j'ai été élevé dans un milieu chrétien et je connais bien la Bible. Je pense que ces voix m'ont fait croire en mon interprétation de leur identité... et donc de la mienne. Je sais maintenant par expérience que les voix peuvent être trompeuses et, bien sûr, que je ne suis pas Jésus.
J'ai récemment recommencé à lire la Bible et j'ai l'impression que cette activité n'est peut-être pas saine pour moi. Je crains que cela ne soit un déclencheur psychotique de ce que j'appelle mon syndrome de Léopold.
Le syndrome de la Matrice, dont le nom fait référence au film The Matrix (1999), est un type d'illusion dans lequel une personne croit soudainement qu'elle est un illuminé ou un élu, un esprit supérieur possédant une vérité ou une source de connaissance partagée entre quelques autres ou pas partagée du tout, la conduisant dans une aventure ou une mission prestigieuse après avoir dû choisir entre une pilule bleue et une pilule rouge (une bifurcation sur sa route, un dilemme impliquant deux options).

En référence au film Gullivar's Travels (1996), le syndrome de Gullivar est un type de délire dans lequel une personne a eu une épiphanie dont elle ne peut pas s'arrêter de parler, ce qui, entre autres facteurs, contribue à ce qu'elle se retrouve dans un service psychiatrique.
Voici ce que Gullivar et moi avons en commun :
Le héros de cette histoire est absent pendant près de dix ans. Sa famille craignait de l'avoir perdu. À son retour, il ne fait que parler sans cesse d'un monde qu'il a visité malgré lui.
Il se retrouve interné en psychiatrie où il continue obstinément et passionnément, malgré la médication, à raconter ses expériences dans cet univers parallèle, et à décrire les merveilles de ce monde où les lois morales et scientifiques sont très différentes de celles de notre monde.
Les médecins sont à bout de ressources et, afin d'imposer un traitement, ils se permettent de prendre des racoucis pour tenter d'imposer certains résultats souhaités.
La famille du héros, qui l'aime très fort, ne l'abandonne pas et lui offre un soutien qui l'aura aidé, à la fin de l'histoire, à s'en sortir.

The Beaver (2011)
Dans le film The Beaver, Walter Black, le personnage principal, père et directeur d'une entreprise souffrant de dépression sévère, trouve un moyen de faire face à ses troubles mentaux grâce à l'utilisation d'une marionnette en peluche. Tous se rendent très vite compte qu'il a une très forte dépendance à ce castor, ce qui lui permet de communiquer et de retrouver une vie plus normale. Sa femme, en instance de divorce, est retombée amoureuse de lui grâce à cette « thérapie » qui, selon ses dires, lui a été prescrite par un médecin, alors que ce n'était pas le cas.
Il n'y a rien de « normal » à dépendre d'un castor en peluche pour fonctionner, mais comme une béquille, ce dernier permet à Water de sortir du lit et de renouer avec sa femme et son plus jeune enfant.
Je dis depuis 1997 que je communique avec les esprits. Je me suis retrouvée en soins psychiatriques à cause d'une psychose.
Cette histoire m'a captivé dans le sens où, en écoutant le film, je me suis retrouvé à la place de Walter; comme pour lui, une partie de moi me parle, me raisonne, me guide et me rassure dans mon quotidien. J'ai même peur d'arriver à une éventuelle réalisation que, comme ce fut le cas pour Walter, le « guide » n'était rien de plus que le fruit de ma propre imagination.
Plus tard dans le film, cette thérapie tourne au vinaigre et Walter se coupe le bras pour se débarrasser de cette marionnette qui contrôlait sa vie et qui menaçait de maintenir son rôle dans sa vie contre sa volonté.
Dans ma vie, couper ce bras reviendrait à éliminer les projets que j'ai créés et qui découlent de mon déséquilibre psychologique. Je parle ici de mon projet « fantôme », une arche de Noé que j'ai construite pendant des années sans succès, et aussi d'un ensemble de textes qui représentent mes réflexions dans ce que je considère comme mes communications avec les esprits.
Se couper le bras pour enfin mettre fin à la dictature de cet être malsain aura été un premier pas vers son rétablissement. La vie me suggère-t-elle, par mon interprétation de ce film, de me couper le bras?
City of Angels (1998)
Ma première psychose a eu lieu la veille de mon 21e anniversaire en 1997. Ce film est sorti en 1998 et je l'ai vu peu de temps après. Je le considère comme une référence concernant des faits non prouvés liés au monde spirituel et à la façon dont il fonctionne.
Il représente le fait d'entendre les pensées des autres, de voir des anges et de sentir leur influence nous guider et nous inspirer. Il traite également des questions de passage au-delà de la mort. Ce film dépeint le fait de réaliser la vérité sur leur existence (celle des anges) et leur monde, comme expérience bouleversante.
Le personnage principal, Maggie, parle avec Seth (un ange). « Je suis folle et chimiquement déséquilibrée », a-t-elle dit sarcastiquement en essayant de parler de ses intuitions à un ami. Le film suggère que l'ouverture d'esprit de Maggie l'amène à constater l'existence de ce monde invisible. Elle commence à voir Seth. Cela suggère que vous devez en fait le chercher pour le ressentir.
Il y a aussi une scène où un enfant sourit à l'ange, ce qui me rappelle des parties de ma propre enfance, dans des expériences de ce que je considère maintenant comme des interactions avec les esprits.
Bien que cette histoire semble suggérer que les anges et les esprits ne sont pas les mêmes, je pense qu'ils le sont.